1er janvier 2021

1er janvier 2021

Vœux de l’équipe Minapath et nouveautés pour 2021

L’année 2020 a été très fructueuse pour Minapath tant au point de vue des analyses de tissus granulomateux ayant fait évoquer une sarcoïdose, qu’au point de vue des analyses des tissus de malades pouvant être liées à des dysfonctionnements d’implants.

Concernant les implants

Nous avons publié, en Mai 2020,  dans la revue « European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology » un article évoquant le rôle possible d’un dysfonctionnement de la soudure en étain de l’implant Essure (Catinon et al., 2020). Sur les 10 cas étudiés, 7 ont présentés des anomalies : 2 au niveau de l’implant, dont l’analyse a montré une corrosion majeure de la soudure et 5 au niveau de la paroi des trompes ou des cornes utérines, où la présence de granulomes avec des particules d’étain a été montrée.

Fin Décembre 2020, nous avons finalisé un deuxième article portant sur 18 patientes opérées par hystérectomie et salpingectomie pour retrait de leurs implants Essure. L’analyse minéralogique sur les biopsies utérines, qui sont issues d’un protocole anatomopathologique spécifique, a mis en évidence la présence de  particules minérales avec prédominance d’étain de manière systématique. Les comptes rendus anatomopathologiques ont décrit des granulomes chez 17 patientes et un aspect de fibrose chez une patiente. Cet article, actuellement en cours de soumission dans une revue médicale à comité de lecture, confirme le caractère défaillant de l’implant dont la corrosion libère des particules potentiellement toxiques dans le tissu utérin. Nous évoquons, dans cet article, l’hypothèse de transformation de l’étain minéral issu de la soudure en organoétain dont la toxicité pour l’homme est reconnue. Cette hypothèse pourrait expliquer un grand nombre de troubles généraux que présentent ces patientes implantées.

Nous proposons que la Direction Générale de la Santé (DGS) organise une étude rétrospective sur 1000 victimes implantées depuis, au moins 5 ans, afin de tester la prévalence des symptômes cliniques et le taux d’étain et de nickel dans le sang. De nouvelles études en microscopie électronique à balayage couplé à une analyse élémentaire (MEB-EDX) pourront être envisagées après hystérectomie et salpyngectomie chez les patientes qui présentent des symptômes anormaux.

Notre équipe a présenté ses travaux lors d’une réunion de l’ANSM début Octobre 2020. Notre deuxième article, confirmant l’hypothèse de corrosion de l’implant, a été envoyé au Ministre de la santé et aux Directeurs de la santé et de l’ANSM mi-décembre 2020. Une décision d’étude complémentaire a été prise par la DGS au début du mois de Janvier et nous espérons pouvoir discuter prochainement de cette étude avec cette structure.

Par ailleurs, concernant une série de 2000 Implants de hanche chrome-cobalt défectueux posés en France, nous avons montré qu’il pouvait être observé, par la technique LIBS, une surcharge en éléments chrome et cobalt dans le rein pouvant contribuer à des mécanismes de cancérisation (Massardier et al., 2020). Nous proposons que, pour les patients chez lesquels ont été identifié des élévations du taux de cobalt dans le sang nécessitant l’ablation de l’implant, une surveillance annuelle par échographie des reins soit réalisée.

Concernant les granulomes sarcoïdosiques :

Les travaux réalisés en 2020 vont dans le sens de notre hypothèse d’une sous-estimation majeure du rôle des poussières dans cette maladie. Il est prévu qu’avant de parler de sarcoïdose devant une biopsie montrant des lésions granulomateuses épithélioides et giganto-cellulaires, il faille éliminer une granulomatose à corps étrangers. Or, nous pensons que dans de nombreux services prenant en charge de telles pathologies, et en particulier les services de pneumologie et de médecine interne, les moyens mis-en en œuvre pour éliminer des granulomes à corps étrangers sont largement insuffisants. Notre étude Minasarc, publiée en 2017, a montré que l’utilisation d’un questionnaire exhaustif prenant en compte tous les types d’expositions aux poussières minérales est très rarement réalisée. Il nous semble essentiel de prendre en compte les aspects professionnels, environnementaux, les activités de loisirs et les poses d’implants. De même, l’étude des granulomes liés aux implants Essure confirme le fait que la microscopie optique est insuffisante pour éliminer, au point de vue anatomopathologique, un granulome à corps étranger. Dans le cas de la problématique des implants Essure, pour les granulomes utérins liés aux particules d’étain, l’observation anatomopathologique en microscopie optique à mis en évidence la présence de particules dans 7 cas sur 18, alors qu’en microscopie électronique en balayage ces poussières sont observées sur l’ensemble des 18 biopsies analysées et identifiées grâce à l’analyse chimique.

Nous pensons ainsi qu’en cas de sarcoïdose invalidante, avant de porter un diagnostic de granulomatose idiopathique, une analyse MEB-EDX du prélèvement associée à la passation d’un questionnaire d’exposition exhaustif est indispensable.

En 2020, nous avons publié, avec le Pr Sève du service de médecine Interne de la Croix Rousse à Lyon, un cas de suspicion de sarcoïdose qui était, en réalité, une pathologie de granulomatose liée à des fuites de silicone à partir d’un implant mammaire (Gavoille et al., 2020). Avec le service du Pr Marchand Adam, du CHU de Tours, nous avons publié le cas d’un ouvrier exposé au zirconium et à l’aluminium (Blin et al., 2020). Enfin, nous sommes en train de soumettre un article sur un ouvrier du bâtiment découpant de l’acier et du béton avec une scie en carbure de tungstène. Cet ouvrier a été considéré, dans un premier temps, comme porteur d’une granulomatose sarcoïdosique. Cependant, notre analyse minéralogique de son granulome sur une très petite biopsie bronchique a mis en évidence la présence de particules de tungstène, d’acier et de silice. Ce résultat permet de rattacher sa maladie à son exposition professionnelle. Il ne s’agit probablement pas d’une sarcoïdose mais bien d’une maladie professionnelle liée à un empoussièrement mixte à trois types de poussières : silice, acier et tungstène dont on sait qu’elles peuvent entrainer des pathologies.

L’analyse MEB-EDX, qui présente un coût plus élevée que la simple microscopie optique (522 Euros TTC en programme recherche),  est d’une grande utilité pour les malades. La mise en évidence du rôle des poussières permet effectivement de faire des mesures préventives et, éventuellement, de déclarer des maladies professionnelles. Enfin, le coût de cet examen unique doit être mis en balance avec le coût de certains traitements donnés à ces malades d’un montant de plusieurs milliers d’Euros mensuels.

Nous militons pour que cet examen soit pris en charge par la sécurité sociale et les mutuelles. La prise en charge de cette analyse pour les victimes d’implants Essure par les protections juridiques des mutuelles Pacifica, Banque Populaire et Caisse d’Epargne (BPCE) et la MACIF représente un chemin à suivre.

L’ensemble des articles cités sont présents dans la rubrique « Ressources documentaires » de notre site internet. Nous nous tenons à la disposition de tous médecins, malades et associations qui voudraient des renseignements complémentaires sur notre technique d’analyse.

En 2021, nous souhaitons développer les analyses MEB-EDX de tissus granulomateux et fibrosants en partenariat avec plusieurs équipes françaises mais aussi internationales pour améliorer, au profit des malades, l’identification de pathologies environnementales ou professionnelles.

De nos jours, se limiter à la seule analyse en microscopie optique pour parler de granulome sarcoïdosique idiopathique nous paraît très insuffisant.

En espérant le développement de cette technique, nous vous présentons nos meilleurs vœux pour cette année 2021.

Dr Michel Vincent                        Expert médical

Mickaël Catinon                           Ingénieur de recherche          

Elisabeth Roux                             Technicienne de recherche